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Ça tue pas Africain gros nez
SOCIETE-ODD

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Jean Christ KOFFI
2020-06-07 à 07:00:00

Hygiène comme un idéal dans notre milieu

Le « Ça tue pas Africain gros nez », cette expression familière utilisée au quotidien, dans des situations compliquées, par les Africains eux-mêmes, particulièrement en Côte d’Ivoire, pour montrer leur infaillibilité, mais qui cache assez mal leur lâcheté et leur mollesse et pérennise donc bien des maux au propre et au figuré d’une société aux abois, est évoqué dans toute sa réalité dans  cet extrait de son journal intime par cet adolescent ivoirien qui nous replonge par la même occasion au cœur du parler français ivoirien : le Nouchi.

Les congés de fin d’année

Les gens ont fêté 31* (*lexique en fin de texte), congé est gbra*, school a recommencé, mais moi, yè pas pu fraya*  aussi paé actuellement yé suis gbôklô*, man. Depuis une semaine yè pas fangan*.  Moi-même yé peux pas bien broder*, mais comme yé suis habitué et puis yè envie d’écrire là, c’est pour ça yé me force. Le 26, y’a’ais commencé à chier on dirait diable. Yé vomissais aussi on dirait quand mes grandos s’en vont boire blanco* et puis ils sont trop gbé* là. Tout poulet que yè daba* le 25 là, yè même pas eu le temps de digérer ça, yè tout vomi et puis tout chié un coup. Y’étais devenu feuhh*.

Â, le cœur de ma komôte* était mort hè. On m’a bombé* très tôt pour m’envoyer à l’hôpital,  kaba-kaba*. Là-bas, docteur dit c’est les bactéries qui m’ont fait chier con’en. Ma madré pensait que c’était battérie de voiture, elle était gné’gué* et puis son rognon était bien chaud contre moi : « Dabali* de dôme* là suffit pas, c’est batterie, il s’en va  gbô* main’nant », elle a kiaille*. Si docteur n’avait pas gbaé*  là, elle allait même pas sciencer*, elle allait m’engager* pour mettre dessus, hein. Docteur a dit non, elle n’a qu’à blêblê*, c’est pas batterie de voiture, c’est microbe. Si c’était batterie-là, j’allais douffe* très tôt. La komôte*  a compris ; elle avait un peu honte aussi, mais ma santé lui faisait plus mal que la honte. Mes kakolis* en speed   et mes kassements* de tuyaux avaient tué son cœur,  tellement y’étais devenu feuhh, les gens pensaient que y’allais kreuh*.

On dit ya full de gens qui ont douffe, ou bien qui étaient gbôklô*,  les petits bakrômans* là surtout. Moi, mon luck, on m’a vite gnou* pour m’envoyer à l’hôpital, sinon actuellement, peut-être que y’étais en train de brodé à droite de Jésus.

Des môgônis* en béze* ont dit dans journal parlé que c’est choléra qui avait fait sale* comme ça. Ils ont commencé à gbaer que c’est paé Babi* est sale que ya eu maladie là. Nous-mêmes, dans nô quarrer SICOGIE là, l’eau de caca coule jusqu’ennnnnn, personne le calcule aussi,  après l’eau là même a honte et puis ça arrête seul de couler. Mais ça dure avant que ça s’arrête hè. Quand ça coule con’en, devant ya des tanties du quarrer qui vendent gbofloto*,  zéh*, plékéite*, blissi*, bred avec microni, tout ça. Moi-même, mes komôtes vendent à coté aussi. Ya des môgô-malhères* même du quarrer qui alignent briques dedans. Toi, tu veux passer, tu payes grô* (25F), aller, grô, retour. Si tu veux pas payer, c’est que tu ‘as walk dans l’eau de caca là genre Johnny Walker. Lui, c’est le par-te-nai-re d’un de nos vié-pères du quarrer. Il peut gbagboter* Babi*-Korhogo aller-retour, sans yôhi*. Si tu veux pas walk  dans l’eau de caca aussi, et puis tu veux pas payer leur jeton, et puis tu veux pas aller passer ailleurs aussi, donc faut avoir force, fangan, houmien. Mais faut être prêt dèh, paé dans discours* là même dé’à, les noucis* (voyous) là vont te maga*tapé et puis grouper sur toi pour te botter non, tu vas prendre drap que c’est  pour eux que trou de caca là est bouché.

Quand l’eau de caca là coule con’en, les tontons du quarrer vont voir le maire, il n’aquà venir déboucher trou de caca là. Ils disent quand ils arrivent là-bas, Maire là dit, ha, c’est pas lui qui doit faire ça, ils n’onquà aller voir société qui nous gère l’eau là, eux c’est leur bobidjo* qui est là. Quand ils foncent là-bas, les môgôs là aussi disent eux, ça ment trop sur eux paé État n’a pas lah* leur jeton depuis 1900 tchoé tchoé, et puis d’ailleurs, si on regarde bien même, c’est pas eux qui doivent faire ça là aussi. Ils n’onquà aller voir le last-des-maires* de Babi, c’est lui qui gère les ways* con’en. Mais lui-même, tu n’as pas besoin de foncer dans son bureau pour le voir, télévision là, c’est pour eux. Il est dé’a sorti dedans depuiiis pour tchapa* que gnanman-gnanman-salité* qui gbé* Babi, l’eau de caca qui coule, tout ça, lui c’est pas son travail. C’est travail de maire, d’aillère même, ya ministre de gnangnan-gnanman-salité et puis l’eau de caca main’nant. Donc ils n’onquà aller se plaindre  chez ministre là que l’eau de caca et puis gnanman-gnanman-salité a gbé leur quarrer*.

Babi même qui schlengue con’en là, yé sais même pas pourquoi on appelle ça Babi. Les létchois* même qui sont brêzo*  là, ils sont plus clean que les môgô qui disent, eux ils sont des balbis* ou bien des balfaires*, yé sais pas quoi là.

Last-des-maires de Babi là gbaille* encore que, et puis d’aillère même si Babi est sale là, lui, c’est pas sa faute. Quand môgô là gbaille con’en, moi, ça me fait rice* paé si on veut bien voir même, Babi n’a jamais été sale. C’est les môgôs qui disent ils sont à Babi là qui sont sales. Et puis lui, last-des-maires là, lui avec tout son gbonhi*,  tous les dangereux-môgôs* dans pays là qui se blaguent que eux, ils ont jeton là, c’est eux-mêmes les premiers et puis les plus sales même. En plus de ça, ils sont malho* encore pour mettre dessus paé nous, nô facture de l’eau, mes grandos, ça ment sur* eux comment comment, ça là, ils ont toujours payé. Gbofloto*, placali*, piment, blissi*, zé*, APF* (Attiéké Poisson Fumé), tout ça que les komôtes avec les tanties du quarrer là vendent au bord de la route pour avoir un peu de gbringbrins* pour soigner maladie de 10 heures et puis 16 heures de leurs enfants, et puis pour se buy un morceau de fanci là, et puis à cau’ de ça on coupe billets pour leur donner, et puis elles-mêmes, ça ne les enjaille pas mais elles payent jeton de billet là quand même. Et puis yé sais que tous les gens qui sont comme nous là payent leurs factures, et puis les dioulatchès* avec les dioulamoussos* payent leur billet aussi. Donc là là, qui paye pas pour lui, et puis on va dire non, c’est paé ya pas jeton pour rendre le coin pro, clean, que c’est sale con’en ? Eux ils savent ce qu’ils font avec nô jeton là ho. Des  derniers-cris*  de noucis con’en ! C’est pour buy les lasts de kotché* pour  eux et puis leur chrome* (petites amis), et puis comme nous, on est bête là, on va les regarder pour dire : « Tchié, le vié-père là ou bien la vieille-mère là a dékrou*, hein. Il a ça sur lui quoi ! ». Ôpiiiiiiii !, c’est  le vié-père là a krou* le pière*  pour buy voiture tellement c’est un volère houai. Des gnatas* con’en ! Si c’est moi qui avais jeton comme eux là, c’est avion y’allais buy pour aller me fongnon* chez les whaïtis*.

Mais, est-ce que les môgôs-malhères* peuvent buy avion pour aller se fongnon dans pays de whaïtis ? Qui va les calculer là-bas ?  Et puis whaïtis même, ils sont pas dans les mélan’ements*, quèquin qui a jeton un coup con’en là, c’est pas jalousie ho, mais ils vont le faire pot*, et puis ils vont lui demander : « un frère, toi, ti fabriques pas laléh*, ti joues pas ballon, ti vends pas PS, ti n’as pas usine, ti n’est parent de Bill Gate, comment ti as fait pour avoir ton jeton là et puis à cause de ça on peut pas respirer dans pays là ? » Donc c’est mieux, les môgônis vont buy hammer, maybach, pagani zonda, zender, baracouda, tout ça, pour venir grê  ça sur nos routes gbôlô gbôlô* là. Et puis les toho-toho*, ça c’est nous là,  on va être gné’gué*  quand on va les voir. Les gens mêmes n’ont pas honte quoi : eux seuls, ils ont jeton pendant que tous le monde est galère.

D’ailleurs même, ils vont avoir honte pourquoi ? En ce moment, ils n’ont pas volé leur jeton là, ou bien ?  Si ils devaient avoir honte même, c’était au moment où ils volaient ou bien quand ils se jouaient les malhô pour avoir jeton là. Et puis encore si ça ne les gêne pas quand c’est eux seuls qui ont jeton, moi, yé comprends pourquoi. C’est parce que eux, ils marchent entre eux, gens qui ont jeton… Quels gens qui a jeton ? Entre eux volères ouai… Donc comme ils marchent entre eux volère qui ont jeton, ils se disent c’est tout le monde  qui vole et qui a jeton là. Et puis si ils sont en drap*  qu’autour d’eux, ya des gens qui sont quedalleux* là, ils vont calculer ceux là pourquoi ? Parce que c’est jeton qui doit être pour ceux-là même qu’ils ont pris pour remplir leur ventre.

Quand le lasso-des-maires de Babi là a fini de chier pour les tontons du quarrer là, les tontons là disent, eux-mêmes, ils étaient en drap depuis longtemps que bobidjo de môgô là dans pays là, c’est porter béze cafard blanc on dirait les noucis de l’enfer là ; c’est porter aussi chapeau des môgôs de la mafia, et puis attraper canne pour jouer les gourous. Tchourrrrrr, quel bon gourou même ? Un gourou en bois ouai ! Son bobidjo encore, c’est être parrain dans anniversaire des petits gos* et puis dans funest*. Les tontons là  sont  dégba*, ils disent que c’est pas eux ho, les maires là, leur bosse, et puis les ministres là, c’est eux-mêmes les tontons-là leur propre kpakpatoya* qui les fait se promener dans bureau des gens ils ont voté pour  leur gbaer de venir faire travail que eux-mêmes ils avaient promis de faire dans campagne.

Ils disent que Papa Romeo,… les tontons là disent lui qu’ils ont surnommé con’en là, on dit pas son nom dèh, paé son vrai nom là, c’est comme fétiche ; toi ti n’es pas prêt, et puis ti cherches pas palabre, faut pas te tromper pour dire son nom là, en tout cas faut pas te tromper pour dire son nom si tu parles mal de lui ; donc les tontons là disent que Papa Roméo a créé poste de lasso des maires de Babi et puis de ministre de gnanman-gnanman-salité* et puis l’eau de caca là cadeau pour ses bons petit, sinon eux, ils comprennent pas,  des gens  qui font pas leur travail comme ça là,  Papa Romeo peut pas le gbra*  même. On sait jamais, peut-être eux, ils cherchent femme pour lui waha, on sait pas.

Parmi les tontons là, ya n’en qui sont en boule. Ça chauffe tellement leur cœur que ils  sont djaouli* pour aller organiser marche en bas de fenêtre de Papa Romeo pour aller chier pour lui un peu. Mais les autres tontons soyés* là, les distra’ères* là, ceux qui aiment affaire de Papa Romeo avec son gbonhi* là, les plai’entin con ‘en, ils disent que c’est pas la peine, que souffrance là, eux-mêmes, ils sont habitués à ça depuis avant avant, donc c’est pas marche qui va changer quelque chose ; C’est mieux ils vont rester au quarrer pour jouer dame que d’aller gbagboter* kdo et puis on va les gazer, et puis les battrer ou bien les matterrazi pour mettre dessus.  Et puis ils terminent en disant : « D’aillère même, l’eau de caca, salité, tout ça là, ça tue pas Africain gros nez ! »

Eux, ce qu’ils savent pas, c’est que Africain là, c’est pas gros nez, chez Blanc même ya gros nez.  Mais Africain là, c’est son mind façon là qui fait et puis on l’appelle Africain gros nez. À  cau’ de ça même parmi Blanc même là, ya Africain gros nez aussi. Donc les tontons soyé là disent à la fin que l’eau de caca, saleté, tout ça là, ça tue pas Africain gros nez ho ! C’est dans ça aussi on est main’nant là, ya des gens qui ont kreuh* cadeau.

 

Lexique

31 (Saint Sylvestre)

gbra  (fini)

fraya (partir)

gbôklô (souffrant)

yè pas fangan (suis fable)

broder (écrire)

blanco (bangui)

sont trop gbé (saoulés)

daba (mangé)

feuhh(faible).

komôte (mère)

bombé (saisi)

kaba-kaba (dare-dare).

était gnégué (étonné)

Dabali (nourriture)

dôme (maison)

gbô (manger)

kiaille (crier)

gbaé (parlé)

sciencer (réfléchir)

engager (gifler)

blêbê (doucement),

douffe (rendre l’âme)

komôte (mère)

Kakolis en speed (diarrhées)

kassements de tuyaux (vomissements)

kreuh (mourir).

gbôklô (malade),

bakrômans (enfants de la rue)

gnou (pris)

môgônis (gens) béze (veste)

faire sale (faire des dégâts)

gbofloto (beignets),

zéh (attièké),

plékéite (placali),

blissi (banane braisé),

môgô-malhères (voyou)

grô (25F)

Babi (Abidjan)

gbagboter (marcher)

sans yôhi (sans férir).

discours (discussion)

noucis (voyous)

maga (surprendre)

bobidjo (tâche)

lah (payer)

last-des-maires (le gouverneur)

Babi (Abidjan),

ways (affaires)

tchapa (baragouiner)

gnanman-gnanman saleté (ordure)

gbé (encombre)

létchois (villageois)

brêzo (« civilisé »)

balbis, balfaires (frimeurs),

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